En France, en 1956, les tous premiers rockers ne sont pas pris au sérieux. C'est à partir de 45 tours américains qu'ils se lancent dans la grande aventure du rock'n'roll, d'où la naissance du « yaourt », caricature phonétique de l'anglais. Danyel GERARD en est le champion et devient pionnier du « vrai » rock français avec D'où reviens-tu Billy Boy. Il est bien vite éclipsé par Johnny HALLYDAY, Jean Philippe SMET, de son vrai nom, qui deviendra plus tard, l'Elvis PRESLEY « à la française ». Le twist, une nouvelle danse, naît durant le temps de l'insouciance, avant les départs pour l'Algérie. De nombreux groupes sans talent particulier sont lancés sur le marché. Ils francisent tout ce qui arrive d'Outre-Atlantique. À l'aube des années 60, le rock est devenu si populaire qu'il inquiète le pouvoir soucieux d'éviter toute dérive sociale en période de crise. Par ailleurs, le palais des Sports est dévasté en novembre 1961, lors du passage des Chaussettes Noires et de Vince TAYLOR, stars de l'époque : la préfecture interdit les concerts de rock. Apparaît alors un nouveau phénomène, le yé-yé, sentimental mais édulcoré de toute potentialité de révolte. En ce sens, le mouvement suit, quelques années plus tard, ce qui s'est passé en Amérique.
C’est par la province que l’Amérique a connu le rock’n’roll. C’est aussi par la province que l’Angleterre va découvrir les premiers effets de la révolution pop : les Beatles débarquent, avec leur accent du Nord et la fraîcheur naïve de leurs chansons. Le cœur de la génération de baby-boom s’enflamme.
Contre toute attente, la relève des rockers américains des années 50 vient d'Angleterre, avec les Beatles. Ce quatuor, originaire de Liverpool, redéfinit entièrement le rock, qu’il propagera partout dans le monde. Au départ, le groupe se compose de John Lennon, Paul McCartney et George Harrison. Ils sont rejoints en août 1962 par Richard Starkey, rebaptisé Ringo Starr. Le groupe est définitivement mis en place. Les records de ventes se succèdent avec les albums From Me To You puis She Loves You (1962). Début 1964, I Want to Hold Your Hand devient numéro un des classements des plus grands succès de titres musicaux et albums, aux États-Unis. L’industrie du disque s’empare alors du succès que rencontrent les Beatles dont les chansons deviennent des « tubes ». Parmi eux, les albums With The Beatles (1963), A Hard Day's Night, Beatles for Sale (1964), ou les 45 tours Can't Buy Me Love, Eight Days a Week, Ticket To Ride, Yesterday et We Can Work it Out (1965).Plus leur popularité s'accroît, plus les thèmes signés LENNON-McCARTNEY remplacent les standards américains du rock et du rhythm’n’blues. Pour les Beatles commence alors une aventure de pure folie, entrée dans l'histoire sous le nom de « Beatlemania » et qui déferle sur le monde. Leurs concerts tournent à l'émeute. Le 12 juin 1965, les Beatles, désormais surnommés les « Fab Four » (les « Quatre de légende »), sont décorés par la reine Élisabeth II de l'ordre de l'Empire britannique et leurs 45 tours se vendent par millions. En 1970, Let It Be, qui donne lieu à un saisissant documentaire sur le travail des Beatles, n'est pas l'album de la réconciliation espérée. En effet leur séparation est officiellement annoncée le 10 avril 1970 et John LENNON meurt assassiné le 8 décembre 1980.
De gauche à droite : Les Beatles puis Les Rolling Stones
Dans le même temps, une autre formation aussi mythique, Les Rolling Stones, confirme cette renaissance anglaise du rock.
The Rolling Stones est un groupe de rock britannique formé en 1962 à Londres, par le guitariste et leader original Brian JONES, le pianiste Ian STEWART, le chanteur Mick JAGGER et le second guitariste Keith RICHARDS. Le bassiste Bill WYMAN et le batteur Charlie WATTS les rejoignent ensuite. Le blues a toujours été la source d'inspiration principale des Stones, qui ont été l'un des principaux acteurs du retour de cette musique sur le devant de la scène. Après avoir rencontré un fort succès au Royaume-Uni, ils deviennent aussi populaires aux États-Unis, durant la « British Invasion » initiée par Les Beatles. Leur single I Can't Get No Satisfaction, paru en 1965, les fait connaître dans le monde entier. Les Stones entrent au Rock'n'Roll Hall of Fame, le musée du rock qui archive les moments les plus significatifs des plus grands groupes de rock, en 1989, et Mick JAGGER a été anobli par la reine d’Angleterre en 2003. Leur image de rebelles et de « mauvais garçons » véhiculée dans les années 1960 est une référence majeure pour les générations de musiciens rock qui les ont suivis.
If You Want to Be a Bird - Holy Modal Rounders - Easy Rider est un film qui est aussi devenu un symbole de liberté et d'anticonformisme. Easy Rider de Dennis Hopper nous raconte l'odyssée de motards marginaux dans l'Ouest américain.
Au début des sixties l’Amérique connaît une profonde crise morale. La guerre du Viêt-Nam, la censure ainsi que la corruption dans les milieux politique et juridique entraînent un premier mouvement de contestation. L’aspect contestataire du rock s’affirme avec pour ton initial la révolte par une certaine démesure instrumentale et sonore favorisée par les progrès de l’amplification, une multiplication du nombre d’instruments et l’organisation des concerts transformés en gigantesques spectacles sonores et lumineux.
Le rock s’attaque à la politique et aux idéologies, principalement à cause de la guerre du Viêt-Nam, qui consterne les jeunes. Ce manque de morale est à l’origine du mouvement hippie. Paix et Amour ("Peace and Love") sont leurs deux mots d’ordre.
La fin des sixties fut aussi l’époque de l’explosion psychédélique (état de rêve éveillé), dont les grandes figures sont Jimi Hendrix, The Doors, The Who, Pink Floyd, ou Jefferson Airplane, tous marqués pas le mouvement hippie et les évènements libérateurs des années 1968-1970 aux Etats-Unis et en Europe. Mais le rock, basé sur l’excès, entre dans une expérience physique avec la drogue comme le L.S.D, ce qui engendre la perte de membres de groupes ayant succombé à une overdose. S'en suit un nouveau courant: le rock progressif (qui se veut être une musique libre, ne se limitant pas aux caractéristiques principales du rock. En comparaison, les artistes de rock progressif sont assez proches des artistes de jazz) .
Les festivals se multiplient et attirent énormément. Celui de Woodstock dont le slogan était « trois jours d’amour et de paix » a amené la jeunesse à respecter le proverbe « peace and love » contre la guerre. Ces grands festivals de rock où l'on se drogue et conteste, sont un moyen de célébrer la non-violence, la fraternité et la communauté.
Depuis 1959, avec la mort de Buddy Holly, Big Bopper et Richie Valens dans un accident d'avion, l'entrée dans l'armée d'Elvis Presley ainsi que le départ à la retraite de Little Richard devenu pasteur, ont entraîné la chute du succès du rock'n'roll. On peut également noter un processus décrit comme la « féminisation » du rock'n'roll, avec la domination progressive des hit-parade par des chansons d'amour, principalement à destination d'un public féminin et l'augmentation de groupes constitués de femmes, tels que The Shirelles et The Crystals. De nombreux historiens musicaux ont également expliqué cette chute par les créations importantes et innovatrices construites sur le rock'n'roll à cette période : l'enregistrement multipistes développé par Les Paul et le traitement électronique du son par des innovateurs tels que Joe MEEK et le label Wall of Sound de Phil SPECTOR, qui ont accéléré le déclin du rock'n'roll dans les hit-parades et entraîné la montée en puissance de la surf-music, du garage rock et l'engouement pour le twist. Les années 1970 voient le rock'n'roll se diversifier sous l’influence d’autres styles musicaux : le jazz-rock voit le jour (Soft Machine, Weather Report), ainsi que le rock progressif (Genesis, Yes).
On sait aussi que la musique indienne a influencé les Beatles et les Rolling Stones pendant leur période "psychédélique" et que le hard-rock et le heavy-métal sont issus d'un mélange de blues et de rock éléctrique (Led Zeppelin, Aerosmith) .
WOODSTOCK 1969